Un bateau de course électrique

Fin du chantier et place à la navigation pour Damien Seguin qui a mis à l’eau aujourd’hui à Saint Nazaire son ERDF – Des Pieds et des Mains, devant des partenaires et amis venus en nombre. Le dernier né des 40 pieds a passé avec succès les tests de jauge et prendra la mer ce soir – à la voile – en direction de Pornichet où il est dorénavant basé. Ce 15 juillet ensoleillé marque donc une étape charnière pour ce monocoque né du crayon de Marc Lombard pour Akilaria et customisé dans ses moindres détails par un Damien Seguin toujours soucieux d’apporter sa touche personnelle. « Cela reste un bateau de série mais il a été optimisé partout où ça pouvait l’être, du début de la construction à la finition » explique Damien, impatient de quitter le port ce soir avec pour seul bruit le clapotis des vagues. Car c’est la principale particularité de ce monocoque que d’être équipé d’un moteur 100 % électrique, une première sur un bateau de course*. L’hydro-générateur – une hélice immergée sous le tableau arrière – ainsi que les panneaux solaires fournissent l’énergie nécessaire à l’électronique embarquée et au pilote automatique alors que la propulsion est assurée par un tout nouveau moteur Oceanvolt alimenté par un parc de batteries au lithium -phosphate. Dans les faits, ce moteur n’est utilisé que pour les manœuvres de port ou en cas d’avarie sérieuse mais il a des capacités comparables à celles d’un moteur thermique (avec 20 litres de gazole) et peut propulser le bateau à la vitesse moyenne de 6 nœuds (12 km/h) pendant 8 heures. « Le but aujourd’hui est de montrer que ce type de moteur fonctionne et tous les partenaires ont joué le jeu pour le mettre en place sur un voilier de course » dit Damien qui a pu s’équiper de ce bijou de technologie grâce au soutien de ses fournisseurs, Eco Power Solutions, Ocean Volt (pour le moteur) ainsi que Valence et Energie Mobile pour les batteries. Dans les jours qui suivent, le skipper prendra la mer pour les premiers entraînements et sera rejoint début aout par son co-skipper, Yoann Richomme. Ils participeront à partir du 11 aout à la Rolex Fastnet Race qui constituera la première compétition du nouveau 40 pieds. Deux ans après avoir pris la deuxième place de la Transat Jacques Vabre, Damien Seguin et Yoann Richomme viennent de valider leur inscription pour l’édition 2013. En 2011, leur temps de course était de 22 j 03 h 08 mn 26s. Leur vitesse moyenne sur le parcours théorique est de 8,91 nœuds. Ils ont parcouru effectivement 5445 milles à la vitesse de 10,25 nœuds. Ils avaient terminé juste derrière les leaders d’Aquarelle.com. « Le but aujourd’hui est de montrer que ce type de moteur fonctionne et tous les partenaires ont joué le jeu pour le mettre en place sur un voilier de course. C’est un système qui est encore cher mais grâce à l’arrivée de l’électrique dans l’automobile, les prix des batteries et des moteurs vont chuter dans les prochaines années. Ce soir, je vais quitter le port sans un bruit et ça va faire drôle ! Je souhaite mettre en place un système électrique depuis plusieurs années car sur ma première course en class 40, j’avais rencontré de gros problème avec le moteur thermique et ce n’est jamais marrant de faire tourner un moteur pour produire de l’électricité. Ça pue, ça fait du bruit et ça chauffe ! Le bateau reste un bateau de série mais nous l’avons optimisé partout où c’était possible. Nous avons par exemple mis en place des safrans relevables qui constituent un plus, autant en matière de sécurité que de performance. Aujourd’hui, c’est un rêve qui se réalise. Ça fait du bien de le voir sur l’eau et ça va faire drôle de quitter le port sans un bruit ! » Le 60 pieds Acciona de Javier Sanso n’utilise pas d’énergies fossiles mais fonctionne grâce à un moteur hybride et une pile à hydrogène.